Titre
La pluie des autres / Daphné B.
Description matérielle
94 pages ; 18 cm.
ISBN
9782897744588
Notes
"je chante les histoires d'amour absurde / qui finissent en pouce bleu / les coeurs qui ne sont que de la viande / les filles de douze ans / qui viennent juste d'emménager / en plein hiver / je chante parce qu'on ne se connaît pas encore / mais j'habite sur ta rue" (p.15). Dans cette banlieue aux allures de carte postale, l'arrivée d'une voisine de son âge, une morte "quand même vivante" (p.17) perce un trou, tant dans le paysage que dans le coeur d'une jeune fille. Si elle désire ardemment l'aider, elle s'enfonce elle-même dans l'amour violent de sa mère, dans ses représentations trop roses de l'amitié et dans les recherches sur Internet qui ne mènent jamais à grand-chose. Elle apprend ainsi à l'école que la dénommée Alejandra souffre d'un trouble alimentaire qui la mange de l'intérieur et se demande si l'amour se mesure à la quantité de désastres dont les autres nous affligent. Venant à lui parler pour la première fois dans le chant estival des cigales, ses questionnements s'accélèrent, tout comme le sentiment qui grandit en elle pour sa voisine anorexique et qu'elle ne parvient pas à étiqueter. [SDM]Critique : "tu dois bien savoir le courage / que ça prend / de penser à soi en premier" (p.90). Là réside la touchante agonie de ce recueil en prose, celle d'une fille qui, à douze ans déjà, absorbe cette "pluie des autres", plus acide que la sienne, sans assécher ses propres problèmes. Cette impuissance nourrit l'impression cruelle du texte, alors qu'on traite sans fard des idées suicidaires, de la violence familiale et des relents de l'inceste, qui cohabitent avec les animaux mignons, les textos truffés de "lol" et d'émojis ainsi que toutes ces images parfaites grâce auxquelles on veut signifier que "tout va bien". Si les thèmes abordés n'ébranleront pas tous les lecteurs de la même façon, il n'en demeure pas moins qu'on a ici entre les mains un très habile exercice poétique aux motifs récurrents (les cigales, les fossiles de dinosaures, la couleur bleue, le naufrage), qui témoigne de la complexité des émotions dans une ère dominée par la superficialité. À partir de 14 ans. [SDM]
Exemplaires
Commentaires
Catalogue:
recherche rapide
Consulter
votre dossier


Suggestions