Chaque petit geste / Marta Bartolj ; traduction : Marie-Andrée Dufresne.

Tirée du sommeil à sept heures tapantes, une jeune femme aux lunettes rouges s'extirpe péniblement de son lit et sirote son café en observant avec chagrin les affiches de son chien disparu. Quelques instants plus tard, elle déambule tristement parmi les enfants qui vont gaiement sur le chemin de l'école et, après avoir placardé un avis de recherche sur un mur, elle s'apprête à manger la pomme écarlate qu'elle a glissée dans son sac lorsque son regard se pose sur un musicien qui joue de la guitare sous un arbre. Plutôt que de lui offrir quelques sous, elle lui tend le fruit, qu'il accepte en souriant. Ce geste de bonté et de partage est remarqué par un passant, qui pose une bonne action à son tour en ramassant la cannette vide qu'un homme a vulgairement jetée par terre dans le parc. Sa bonne action n'est pas passée inaperçue aux yeux du petit blondinet à salopette rouge qui joue à quelques pas de là et qui dépense peu de temps après les quelques pièces qu'il a en poche afin d'acheter un ballon rouge à une fillette qui pleure d'avoir laissé échapper le sien. Au fil des pages, chaque geste de gentillesse en inspire ainsi un autre et favorise la création de liens au sein du quartier jusqu'à la finale qui boucle le tout en donnant à retrouver la femme rencontrée en début d'album. [SDM]

Un album sans texte inspirant et émouvant au fil duquel les saynètes du quotidien se succèdent au coeur d'un quartier débordant de vie en démontrant les répercussions insoupçonnées que peut avoir un simple petit geste de bonté, d'altruisme, de civisme, de générosité et d'entraide. La théorie du chaos et de l'effet papillon est ainsi revisitée sur un mode empreint de douceur et de bienveillance avec, comme fil rouge, la disparition du toutou recherché par sa jeune maîtresse. Le dénouement heureux et attendrissant permet ingénieusement de recroiser des personnages rencontrés précédemment et de constater les amitiés qui se sont tissées entre certains d'entre eux, alors que la jeune femme traverse le parc et le quartier en sens inverse. Le récit prend vie dans des aquarelles, délicatement rehaussée à la mine et mouchetées de délicates gouttelettes, qui sont essentiellement réalisées en noir et blanc. Outre quelques éclats de ciel bleu, qui transparaissent ici et là derrière les arbres et les immeubles, les seules de couleur proviennent des chevelures blondes arborées par quelques protagonistes et, surtout, des accessoires rouges que porte chacun des bienfaiteurs rencontrés. Bienfaiteurs de carnations de peau, de morphologies et d'âges divers, qui contribuent à rendre le monde meilleur et à faire perdurer la bonne humeur dans les coeurs même lorsque la pluie survient. Un petit bijou à savourer et à méditer à compter de 6-7 ans et bien loin au-delà. [SDM]