Bye bye Bollywood / Hélène Couturier.

Nina, quinze ans, est prête à passer l'éponge sur tous les conflits qui l'ont opposée à sa mère au cours des derniers mois lorsque cette dernière leur annoncent, à sa petite soeur Garance et elle, qu'elles feront un voyage de 18 jours en Inde, entre filles. Son enthousiasme vole toutefois en éclats en même temps que ses bonnes résolutions lorsqu'elle comprend que l'aventure n'aura rien en commun avec les films de Bollywood qu'elle affectionne. En effet, elles logeront dans un ashram, à cinq heures de route de Delhi, où le quotidien s'écoule entre méditation, yoga, repas végétaliens, ateliers d'études sur les philosophies orientales, partage des tâches collectives et nuits passées dans un dortoir sans aucune intimité. Comble de malheur, le réseau Internet y est inexistant et les deux seuls autres représentants de la jeunesse seront Jésus et Zaouïa, à savoir un Espagnol de son âge, arrogant, cultivé, mais apparemment dénué d'humour, et sa petite soeur âgée de cinq ans. À son propre étonnement, l'adolescente réussit heureusement bientôt à laisser tomber ses oeillères et ses préjugés, se découvrant un compagnon de voyage qui ne manque pas de charme, en compagnie duquel elle met tout en oeuvre pour aider une jeune fille à échapper à un mariage arrangé avec un quinquagénaire... [SDM]

Un roman de lecture facile au sein duquel voyage, découverte initiatique et romance se marient avec légèreté tout en proposant un plongeon agréable dans une Inde entre tradition et modernité. Une Inde aux mille couleurs et facettes, qui émerveille et révolte tout à la fois l'héroïne en pleine puberté, qui surmonte (un peu trop) rapidement son tempérament d'enfant gâtée et superficielle en découvrant la triste réalité des castes les plus pauvres de la société. La rencontre de l'héroïne avec Sampat Pal, une héroïne des temps modernes issue de la classe des Intouchables, qui a créé un gang visant à défendre les femmes humiliées, violentées, vendues, violées, constitue l'un des points forts du voyage de l'adolescente, qui assure la narration en recourant à un langage franchouillard et parfois vulgaire dans ses moments de révolte ("J'ai pensé, fuck you, et même fuck you twice" (p. 50)). Le ton demeure toutefois empreint de dérision et passablement ingénu, les chapitres très courts insufflant beaucoup de dynamisme à cette lecture qui manque de profondeur et qui se termine sur pirouette assez facile, mais qui a néanmoins le mérite de dresser un portrait globalement enthousiaste d'une jeunesse qui n'hésite pas à s'engager socialement. [SDM]