Réédition. Akim s'amuse à faire flotter ses bateaux au bord de la rivière Kuma lorsque la guerre s'invite brutalement dans son petit village. En fin d'après-midi, des avions militaires surgissent dans une tornade noire et font voler en éclats les habitations, empêchant le bambin de rejoindre les siens. Seul parmi la fumée, les débris et les habitants qui courent dans tous les sens, il trouve refuge dans les restes d'une maison remplie de gens qu'il ne connaît pas, où une femme le prend sous son aile. Mais les soldats ne tardent pas à le faire prisonnier et Akim est contraint de les servir en échange d'un peu de riz à manger. Des tirs de roquettes qui retentissent un jour dans le campement militaire lui fournissent toutefois l'occasion de s'enfuir et de rejoindre la montagne, où un pêcheur lui fait passer la frontière en compagnie d'un petit groupe de fuyards. Conduit à un camp de réfugiés par un camion d'aide humanitaire, le bambin n'arrive cependant pas à s'amuser avec les autres en raison des terribles images et des souvenirs de sa famille qui le hantent. L'aide d'un médecin, puis l'annonce de belles retrouvailles avec sa maman présagent heureusement d'un avenir plus doux... [SDM]

Un album poignant qui donne à voir la guerre à travers le prisme d'un bambin que les bombardements ont éloigné de sa famille. Intensité, émotion et subtilité sont les maîtres mots de ce petit ouvrage d'une grande délicatesse au fil duquel le texte se décline en de courts paragraphes qui sont narrés avec une touchante simplicité et chaque fois suivis de trois à quinze pages d'illustrations tout en finesse. D'un coup de crayon nerveux et cinématographique que viennent compléter de pâles lavis beiges, bleutés et rosés, l'auteure met en scène avec énormément de pudeur l'horreur de la guerre: les paysages dévastés et jonchés de débris parmi lesquels se devinent les corps, la poussière, la grisaille, l'incompréhension, le réconfort puisé dans la découverte d'un doudou abandonné ou les bras d'une mère de passage, l'entraide, la soumission devant la silhouette oppressante des soldats armés et, surtout, la peur et la détresse qui se lisent dans le visage du petit Akim et des femmes qui croisent sa route. Un ouvrage d'une qualité littéraire et graphique extraordinaire que vient compléter une facture soignée, avec des pages épaisses et une couverture solidement cartonnée. [SDM]