Un album à couverture proposant une histoire poignante, qui file adroitement la métaphore de l'invisibilité pour sensibiliser les lecteurs à cette pauvreté et ces injustices dérangeantes et troublantes sur lesquelles de nombreux citoyens préfèrent fermer les yeux. Si les choses ne se résolvent pas toujours de manière aussi simple et idyllique dans le monde réel, l'auteur (qui raconte en postface sa propre enfance dans une roulotte déglinguée) contribue à éveiller les consciences et à démontrer non seulement que nous faisons tous partie d'une même communauté où chacun a son rôle à jouer, mais également qu'il suffit parfois de bien peu de choses pour éclairer la vie d'un être humain. Ceci tout en rappelant que personne n'est à l'abri d'une dégringolade sociale. Le texte, qui célèbre l'entraide, la solidarité, l'ouverture à l'autre et l'importance de la famille et des liens humains, est accompagné de tableaux d'une grande sensibilité dans lesquels peintures, crayonnés, discrets éléments de collage et photographies retouchées numériquement se marient afin de camper la fillette au teint légèrement basané dans des paysages urbains balayés par les vents et la neige. Les froids camaïeux de gris, de bleus, de bruns et de mauves y traduisent parfaitement le ressenti de l'héroïne et de ses compagnons d'infortune, dont les silhouettes quasi transparentes se fondent dans le décor. Ceci alors que l'entraide ramène la couleur dans le quartier en même temps que le renouveau du printemps. [SDM]