Chroniques post-apocalyptiques d'une jeune entêtée, vol. 2 / Annie Bacon.

Trois mois se sont écoulés depuis qu'une onde de choc a tué la presque totalité de la population de la planète bleue. Astride, treize ans, a trouvé refuge dans la bibliothèque du Plateau-Mont-Royal. Toujours aussi sage et organisée, elle fait pousser des légumes dans la ruelle, recueille de l'eau dans des piscines gonflables et puise dans les livres tout le savoir dont elle a besoin pour organiser sa survie en prévision de l'hiver. Tout en espérant trouver un moyen de créer de l'électricité, elle dresse des listes de ses occupations quotidiennes et attend avec impatience les visites de son seul usager, monsieur Beauséjour, un professeur à la retraite. À une centaine de kilomètres de là, Kiara, onze ans, quitte le camp de vacances des Laurentides où elle participait à une classe verte lorsque la fin du monde est survenue. Priant pour que ses parents soient encore en vie, elle entame un long périple à vélo pour les retrouver dans leur appartement de Montréal, contournant les voitures renversées et sautant par-dessus les fissures trop profondes de l'asphalte. En arrivant à Saint-Sauveur, elle réalise toutefois que les rares survivants ne sont pas tous recommandables... [SDM]

Un roman aussi bref que captivant, qui donne à suivre en parallèle les aventures de deux jeunes adolescentes dans un univers postapocalyptique, dépeint par petites touches d'une plume pleine de sensibilité aux accents poétiques. De cette dernière naissent des héroïnes criantes de vérité et terriblement attachantes, qui font preuve de débrouillardise et d'une grande force de caractère pour survivre en se créant de nouveaux repères et un semblant de normalité dans un monde dévasté. Ce qui ne les empêche pas de connaître certains moments de doute et de vulnérabilité. Une ode à l'extraordinaire capacité d'adaptation de l'être humain et à la force de l'instinct de survie s'esquisse ainsi au fil des pages, où sont également évoqués la violence, les abus, les vols et autres crimes, qui surgissent au milieu du chaos. Kiara échappera ainsi à un viol dans une scène d'une forte charge émotive, qui est cependant amenée avec beaucoup de doigté et de pudeur. Ce sont cependant la solidarité et l'entraide qui triomphent dans ce récit au fil duquel l'auteur dépeint notamment l'amitié qui se développe entre Astride et monsieur Beauséjour, qui travaille sur une encyclopédie visant à expliquer l'Ancien Monde en 500 entrées. Des extraits de cette dernière jalonnent d'ailleurs les pages en proposant de belles réflexions sur la solitude, l'écriture, la fierté ou le rôle de la bibliothèque dans la démocratisation de la connaissance, autant de rubriques qui font écho au vécu des protagonistes. Des retours dans le temps, présentés sur des pages noires, retracent quant à eux les événements survenus au camp de Kiara pendant et après l'onde de choc, alors qu'une toute jeune monitrice, émouvante de force et de fragilité à la fois, s'efforce de prendre soin de ses protégés avant de craquer sous le poids des responsabilités auxquelles on ne l'avait pas préparée. Soulignons par ailleurs les multiples références à ##My hero academia##, le manga favori de Kiara, qui tente de s'inspirer du courage de son héroïne pour surmonter les épreuves subies. Une grande réussite, très solidement campée à Montréal et dans les paysages de la 117. [SDM]