Nat d'abord / Maria Scrivan ; texte français d'Isabelle Allard.

Natalie est amoureuse de Derek. Toutes ses pensées sont tournées vers lui, si bien qu'elle est constamment distraite en classe. Pour passer le plus de temps possible en sa compagnie, elle calque par ailleurs ses activités et ses goûts sur les siens, négligeant au passage ses amies. Dont Flo, qui sollicite son aide pour la campagne qu'elle mène dans l'espoir d'être élu présidente des élèves. Nat a donc l'impression que l'univers s'écroule lorsqu'elle invite Derek à la danse de la Saint-Valentin et qu'il lui avoue n'éprouver que de l'amitié pour elle. Serait-ce parce qu'elle porte des broches ou qu'elle est maladroite? La confiance et l'estime d'elle-même, qu'elle avait si difficilement acquises, s'envolent de nouveau. Elle ne peut alors compter que sur elle-même pour surmonter sa déception, se réconcilier avec ses copines et renouer avec ses talents et intérêts. Une rédaction à propos des moments marquants de son année scolaire, qui est destinée au journal des finissants, stimulera sa réflexion et sa prise de conscience... [SDM]

Une bande dessinée tonique et pleine de fraîcheur donnant à retrouver une fillette maladroite et terriblement attachante, qui doit ici gérer sa première peine d'amour et une querelle avec les copines qu'elle a délaissées. "Je n'ai besoin de personne pour être heureuse. Et mes broches rendent mon sourire encore plus éclatant." (p. 222) C'est sur ce constat jouissif et optimiste que se clôt l'intrigue au terme de laquelle l'héroïne renoue avec ses amies et comprend qu'elle doit se respecter et s'accepter comme elle pour que les autres fassent de même. On démontre par ailleurs au fil des pages que le monde ne s'arrête pas pour un chagrin d'amour (sans pour autant minimiser ce dernier) et qu'il existe de multiples façons de le surmonter. Le récit est mis en images avec fraîcheur et inventivité par un graphisme très près de ce qu'aurait pu dessiner une héroïne d'une douzaine d'années, renforçant ainsi l'identification du lecteur à son égard. Beaucoup d'humour dans ces planches au découpage d'une grande lisibilité, qui sont entrecoupées des portraits légendés que fait l'héroïne de ses camarades, amis et ennemis. Héroïne dont le ressenti est livré avec talent et originalité, notamment avec ces passages où elle se regarde dans le miroir et voit une interlocutrice rigolote l'aider à cheminer vers l'acceptation d'elle-même. Une belle réussite. [SDM]