Entre les fantômes et moi / Allison Mills ; traduit par Gérard Muguet en collaboration avec Natasha Kanapé Fontaine.

"Si tu utilises tes cheveux pour les transporter, tu peux t'en débarrasser quand tu n'as plus besoin d'eux. Sinon, les fantômes vont s'agripper à ta peau, glisser leurs doigts sous tes côtes et t'accompagner pendant bien plus longtemps que tu ne le souhaites" (p.9), avait dit la grand-mère de Shelly à sa petite-fille. Toutes les deux, elles sont des chasseuses de fantômes. En fait, elles agissent davantage en tant que guides pour que les morts poursuivent leur chemin, comme l'ont fait toutes les femmes cries de leur famille avant elles, à l'exception de la mère de Shelly. Lorsqu'un drame survient et que la jeune fille perd un être cher, elle est incapable de vivre son deuil. Pas tant que son spectre ne vienne pas la visiter. Désespérée, elle enfreindra les règles que lui a enseignées sa grand-mère en contraignant les fantômes à demeurer dans son monde et à l'aider à la retracer. [SDM]

Un récit de fantômes qui ouvre une réflexion sur notre lien avec la mort et sur cet "invisible [qui] marchera toujours avec nous" (cf. préface de Natasha Kanapé Fontaine). Ainsi, si l'histoire est envoûtante, elle demeure accessible en mettant de l'avant une héroïne attachante et réaliste qui, comme l'auteure, intègre ses racines cries dans sa vie quotidienne. Il est de plus amusant de voir Shelly et sa grand-mère interagir avec d'autres gens qui comprennent plus ou moins leur sagesse, mais qui requièrent néanmoins leurs services de "chasseuses de fantômes". Séparée par un "avant" et un "après" la mort de sa mère, la quête de Shelly suit une évolution touchante alors que la jeune fille s'appuie tant sur le soutien des vivants que des morts (notamment Joseph, qui lui fait écouter des cassettes de groupes des années 1980) afin de faire son deuil. [SDM]