Ours-Blanc habite une grande plaine blanche à l'autre bout de la Terre, au pays du grand froid. L'ursidé est profondément heureux dans cette contrée de neige et de silence, où il peut admirer les étoiles dans le bleu profond de la nuit. Mais, un matin, sa tranquillité est troublée par un animal roux, doté d'une longue queue et de pattes ridicules, qui tombe du ciel à côté de lui. Éberlué, le héros le conduit dans son igloo, où le dénommé Aaron lui explique qu'il est un kangourou, qu'il a été capturé par des braconniers et enfermé dans un avion, dont il s'est enfui en se glissant par un hublot. Déstabilisé par le tourbillon de mots et de bruits engendré par ce visiteur bondissant, Ours-Blanc s'enfuit pour ne revenir qu'à la nuit tombée en espérant secrètement se retrouver seul dans son antre. Mais, Aaron est toujours là et a semé le bazar en préparant le souper! Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, le plantigrade lui confectionne un nid douillet près de la cheminée et, dans les jours qui suivent, se laisse emporter par l'énergie bouillonnante et l'enthousiasme contagieux de son hôte, qui s'amuse d'un rien. Lorsqu'un retour au bercail s'impose pour le kangourou, Ours-Blanc se laissera-t-il à son tour tenter par le bonheur de jouer les touristes en répondant à l'invitation lancée par celui qui est devenu son ami? [SDM]

Une histoire très bien menée où la confrontation de deux héros aux personnalités très différentes donne finalement naissance à une amitié émouvante et enrichissante. Ceci lors d'un dénouement très bien trouvé où l'ursidé se décide à son tour à élargir ses horizons et à visiter son copain en Australie, alors que la description de ce qu'apprécie particulièrement Aaron dans son coin de pays résonne comme un écho à celle qui concernait Ours-Blanc en début d'album, signe que les deux copains ont plus de choses en commun qu'ils ne le pensent. Le texte délicatement ciselé est porteur d'une belle charge émotive et traduit parfaitement la sensibilité du héros principal auquel les peintures expressives confèrent l'allure d'une peluche blanche absolument adorable. La majesté des cieux parsemés d'étoiles que l'on observe depuis le sommet d'un glacier et l'immensité des banquises blanches à perte de vue est célébrée dans des panoramas auxquels des jeux de lumière finement travaillés confèrent une belle dose de poésie, notamment à l'heure du couchant. C'est toutefois sous le signe de la chaleur que se clôt cette ode à la tolérance, à la découverte de l'autre et au bonheur de la découverte en croquant les retrouvailles des deux amis dans le bush australien, dont les énormes rochers orangés se découpent sous un ciel doré. [SDM]