Les mots fantômes / David Moitet.

Elliot refuse de croire que sa mère s'est suicidée. Pourquoi aurait-elle préparé des biscuits pour le goûter et réservé des places à Disneyland pour le week-end avant d'avaler un flacon de médicaments?En l'absence de toute trace d'effraction, la police boucle toutefois rapidement l'enquête et l'adolescent se retrouve dans un établissement de soins psychiatriques après avoir déversé sa colère sur un camarade de classe arrogant. Entre ces quatre murs, Elliot fait la rencontre de Lilas, qui est traitée depuis de nombreuses années pour d'étranges hallucinations, qui la terrorisent par leur réalisme. Elle est en effet assaillie par des apparitions inquiétantes, qui lui hurlent des paroles qu'elle ne peut malheureusement pas entendre, bien qu'elle puisse clairement ressentir la peur, la douleur et la colère dissimulées derrière. La nature de ces visions prend cependant tout son sens lorsque l'héroïne aperçoit la photo de la défunte mère d'Elliot, comprenant alors qu'elle a le don de voir les morts qui, pour une raison ou une autre, ont besoin d'elle pour accomplir une dernière mission avant de trouver le repos éternel. Les deux adolescents se lancent alors au péril de leur vie dans une enquête destinée à faire éclater la vérité non seulement sur le décès de la mère d'Elliot, mais également sur les secrets de famille qu'on a dissimulés à Lilas. Les deux comparses trouvent sur leur route un certain Charles, facilitateur stratégique sans scrupules, qui use de la manipulation ou des armes pour faire en sorte que ses clients obtiennent satisfaction... [SDM]

Un roman policier aux frontières du fantastique, dont l'intrigue plutôt simple et un brin prévisible met en scène deux adolescents touchants et crédibles aux prises avec questionnements, des blessures et des conditions familiales difficiles. Une grande partie de l'action se déroule dans un institut de soins psychiatriques, ce qui permet à l'auteur de célébrer le travail difficile accompli par les employés auprès des patients en psychiatrie, et ce, tout en démontrant que la "folie" et les problèmes de santé mentale peuvent toucher chacun d'entre nous. Le poids et les ravages provoqués par les secrets et les non-dits auxquels on recourt soi-disant pour protéger ceux que l'on aime sont également au coeur de l'intrigue, qui met en lumière l'importance de l'amitié et de la compassion pour surmonter les problèmes, que ce soit la maladie ou le deuil d'un être cher. Si l'enquête met près d'une centaine de pages à démarrer véritablement, les révélations vont ensuite bon train, parfois au détriment de la crédibilité et de la psychologie des personnages, celle-ci étant ensuite reléguée au second plan. Les très courts chapitres (en général quatre à six pages abondamment dialoguées) insufflent énormément de rythme à l'ensemble, tout comme la narration, qui donne à suivre en parallèle Lilas, Elliot et Charles, les incursions du côté de ce dernier permettant rapidement de comprendre que les soupçons des deux premiers sont fondés. Un récit globalement efficace et captivant, qui dénonce avec un petit manque de nuances les complots de l'industrie pharmaceutique prête à tout pour s'enrichir. À compter de 13-14 ans. [SDM]