Une très jolie histoire au cours de laquelle une belle amitié est mise en péril par une proximité qui exacerbe les différences de chacun et engendre des conflits. Après avoir boudé chacun de leur côté, les deux copains réalisent toutefois non seulement que la séparation est pire que la cohabitation, mais également qu'une maison n'est pas seulement un endroit pour vivre et s'abriter, mais surtout un endroit "pour aimer bien fort ceux qui vivent avec nous" (p. [22]). Des illustrations de synthèse mixtes donnent vie, dans une esthétique entre la peinture et le collage, à cette célébration de l'hospitalité, du partage et, surtout, de l'amitié au nom de laquelle on effectue des compromis et transcende avec bonheur les différences. L'immense ursidé brun et le lapin plutôt chétif s'y animent en alternance dans des décors forestiers très texturés et un tout petit terrier, éclairé à la bougie et meublé de manière rudimentaire, auquel une représentation circonscrite dans une sphère apposée sur des pages vert nocturne confère toutefois un caractère douillet et feutré. La nature mise en scène renforce quant à elle les émotions vécues par les héros, qui nouent une nouvelle amitié avec une biche venue à se présenter à eux dans un paysage verdoyant après la longue traversée de l'hiver. [SDM]