Jour de pipi / Christine Naumann-Villemin ; illustrations d'Éléonore Thuillier.

Lapinoute a un gros, très gros problème. Alors qu'elle joue dans la cour d'école avec ses copains, elle est subitement terrassée par une terrible envie de faire pipi. Elle a beau courir aussi vite que possible vers les toilettes, elle ne peut éviter l'accident. Un accident si gênant qu'elle file se cacher dans la cabane au fond de la cour de crainte qu'on se moque d'elle. Lorsque Chien passe par là et lui demande la raison de ses pleurs, elle confie simplement que c'est la "catastrouille" et qu'elle est trop effrayée pour sortir. Tout tremblant, le toutou file chercher de l'aide et tombe rapidement sur Mouton, qu'il informe que Lapinoute est "enfermée avec une trouillaféroce". Le poil subitement défrisé, Mouton lui emboîte le pas, bien décidé à trouver quelqu'un d'assez grand et fort pour secourir la pauvre lapine, qui est attaquée par un "féroçogre", un "ogroloup", un "louposaure", "un tyrazomonstre..." [SDM]

Un récit hilarant et pétillant de bonne humeur pour dédramatiser les petits accidents honteux qui surviennent dans les cours de récréation et, surtout, pour prôner la tolérance, l'entraide et la solidarité qui sont alors de mises entre copains. Au fil des pages, le jeu du téléphone arabe fait son oeuvre, accentuant la peur qu'éprouvent les camarades animaliers de la petite Lapine à l'égard du terrible monstre qui semble tapi avec cette dernière dans la cabane. La frayeur qu'éprouvent les copains va crescendo, tout comme les rires suscités chez le lecteur par l'ampleur démesurée que prend l'incident. Rires qui doivent par ailleurs énormément à la musicalité du texte, généreusement pimenté de mots-valises et de termes inventés autour du champ sémantique de la peur et des réactions physiques qu'elle provoque. Ainsi, alors que le mouton "a les poils qui défrisouillent" (p. [9]), "Cochon trouillotte [et a] le jambonneau qui flageole" (p. [11]), Girafe "a le cou qui nouille" (p. [13]), Kangourou "a la poche qui cloche" (p. [15]) et Ours "les dents qui couinent et le bidou qui glougloute" (p. [17]). La bonne humeur contagieuse qui pimente le tout est quant à elle renforcée par les gouaches aux coloris toniques, qui illuminent les fonds blancs en campant la ménagerie d'une adorable expressivité dans une cour de récréation déclôturée, dont l'immense tapis de verdure est enjolivé d'arbres matures. Un album à savourer dans une lecture à haute voix. [SDM]