Réédition. "Hélas, ma chère Adèle / il n'y a plus de mots pour décrire ce que je vis. Gustave." C'est sur ces quelques mots, rédigés d'une main légèrement tremblante, que s'ouvre cet album de grand format qui se veut un hommage poignant aux soldats de la Première Guerre mondiale. Des tableaux sépia, croqués au pastel avec un réalisme aussi saisissant que bouleversant, défilent ensuite sur des doubles pages qui se passent de mots et qui expriment avec une forte charge émotive les horreurs, la douleur, la solitude et les atrocités auxquelles ont dû faire face les soldats envoyés au front. Des explosions, un cheval abandonné au milieu des barbelés, des portraits de soldats mutilés de différentes nationalités, des tranchées serpentant au coeur de champs dévastés, un pou croqué en gros plan, un lapin fuyant devant un char d'assaut, un homme à tête de mort courant pour sauver sa peau, des corbeaux tournoyant autour d'un casque à côté duquel est abandonné un crâne... Les images hyperréalistes défilent, entraînant le lecteur au coeur de l'insoutenable violence des tranchées dans une succession d'associations d'idées bien vues qui reconstituent peu à peu le quotidien de ces hommes dont pas un ne reviendra indemne. Puis, sur la troisième de couverture, une enveloppe contenant la lettre profondément émouvante de l'épouse de Gustave, qui exprime ses craintes et supplie celui qu'elle aime de lui donner des nouvelles. Ceci alors que ses propos achèvent d'établir des liens entre les images aperçues précédemment. [SDM]