Hector été, automne, hiver / Rémi Courgeon.

Hector est le cerf le plus puissant et majestueux de la forêt sauvage. Or, il est également le plus solitaire, et ce, bien que toutes les biches soient folles de lui. Ces dernières jettent cependant rapidement leur dévolu sur d'autres mâles avides d'attirer leur attention lorsque Hector se volatilise en pleine saison des amours. Seule Leïla s'inquiète et se lance sur ses traces dans la forêt épaisse. Les jours et les nuits se succèdent, puis la biche retrouve enfin l'élu de son coeur, qui souhaitait dissimuler ses bois ornés de bourgeons à leurs congénères. Le coup de foudre fait toutefois son oeuvre et, lorsque l'automne dénude le panache du bel Hector de ses feuilles, les deux amoureux rentrent passer l'hiver parmi le troupeau avant de se volatiliser à nouveau au retour des beaux jours. Seulement, le petit qui naît de leur union n'a quant à lui aucune intention de se cacher et entend bien assumer sa beauté différente la tête bien haute... [SDM]

Une histoire sur la différence et l'acceptation de soi, qui est portée par un texte poétique très près du haïku, dont la force et la puissance brutes évoquent magnifiquement celle du héros et de la nature qui l'entoure: "Forêt sauvage. Hiver rude. Biches, cerfs et faons. Parmi eux, Hector. Plus haut. Plus musclé. Plus puissant. Toutes biches folles de lui. Printemps venu. Hector disparu." (p. [2-5]). La relation amoureuse des deux cerfs évolue au fil des saisons au gré de leurs cavalcades et de leurs rituels de séduction des plus élégants, qui s'animent dans des paysages forestiers verdoyants ou mordorés, baignés de la lumière du soleil ou de la lune, que l'on explore tantôt au ras du sol, tantôt à vol d'oiseau. Que de détails et de mouvements dans ces aquarelles rehaussées au pastel, qui favorisent l'immersion dans des bois aux arbres majestueux entre lesquels écureuils, oiseaux et papillons font de légères apparitions en témoignant des métamorphoses qui s'opèrent au rythme des saisons. Ceci jusqu'à la chute lumineuse où Victor, le faon ayant hérité de la particularité de son papa, affirme qu'il passera toute sa vie parmi le troupeau. Le dernier tableau démontre d'ailleurs le succès qu'il a auprès des biches, qui accrochent des cerises à leurs oreilles afin de lui plaire et de répondre à celles qui poussent sur ses bois. [SDM]