Le choix de Sam / scénario, dessin, couleurs, Nicolas Pitz ; d'après le roman d'Edward van de Vendel.

Adaptation du roman éponyme. Par un bel après-midi d'été, Kix et sa jeune soeur Émilia se baladent dans la campagne bordée par les montagnes où ils habitent lorsqu'ils aperçoivent un magnifique chien blanc, qui les observe à une certaine distance. Or, lorsque la fillette s'approche un peu trop, la bête prend la fuite. En rentrant à la maison avec leur maman, les enfants remarquent toutefois que la superbe bête course avec la voiture et les devance jusqu'à la maison avant de s'enfuir à nouveau. Le lendemain matin, la petite famille découvre que la bête a passé la nuit dans leur fermette, où elle prend peu à peu ses aises, s'ébrouant avec les autres chiens de la maison et évoluant avec aisance dans l'enclos des chevaux. Bientôt, Kix n'envisage plus sa vie sans ce superbe chien des Pyrénées, qui a visiblement été victime de mauvais traitements. En effet, il apparaît bientôt que celui qu'ils ont prénommé Sam appartient au fils adulte de l'irascible propriétaire de la ferme voisine, interné à l'hôpital psychiatrique. Les parents de Kix acceptent cependant de s'occuper de Sam en le prévenant qu'ils devront le laisser partir si son maître le réclame une fois guéri... [SDM]

Un récit poignant, qui s'inscrit dans la lignée des romans d'aventures tissés de rebondissements d'une grande charge émotive. Rebondissements qui s'inspirent ici très fortement d'une tranche de vie vécue par l'auteur en 2010, au cours de vacances passées dans la ferme de son frère, au Canada. La relation de confiance et d'amitié qui se tisse entre les enfants et leur compagnon (après qu'ils se soient mutuellement choisis) est au coeur de l'intrigue relativement simple, qui est entièrement constituée de dialogues justes et sensibles (rédigés dans des phylactères bleus pour les animaux, roses pour les humains) permettant de prendre toute la mesure de la détresse, de l'incompréhension, de l'inquiétude et de la révolte que vivent au passage Kix et d'Émilia, alors qu'ils découvrent les raisons du comportement parfois agressif (mais surtout protecteur) de leur compagnon tout en espérant qu'il ne rentre jamais chez le maître qui l'a malmené. Un grand-père connaissant très bien la race canine et une mère très empathique, toujours prête à bien expliquer les choses à ses enfants, nourrissent le discours nuancé, qui permet de mieux comprendre la psychologie des chiens de berger tout en véhiculant de belles valeurs morales en incitant notamment les enfants à réfréner leurs préjugés à l'égard de la maladie mentale. Le dénouement, qui occulte judicieusement la scène où le père des enfants et le maître de Sam s'affrontent autour d'un fusil, n'en demeure pas moins d'une grande intensité et explique vaguement les raisons pour lesquelles le maître de Sam a sombré dans la "folie". L'ensemble est efficacement porté par un graphisme semi-réaliste d'une belle expressivité, qui campe les protagonistes et leur ménagerie criante de vérité dans des décors contemporains soignés oscillant entre intérieurs chaleureux et paysages campagnards bucoliques. Le découpage plutôt classique est quant à lui d'une grande lisibilité, tandis que la belle variété de plans et de cadrages souligne l'attachement réciproque du gros toutou blanc à sa famille d'adoption et la gamme d'émotions traversée par les jeunes héros, cette dernière étant notamment renforcée par la colorisation nuancée et inventive, qui permet d'apprécier l'ambiance des différentes heures du jour, alors que les scènes de nuit sont simplement esquissées de fins traits jaunes, verts, bleus et rouges sur des fonds entièrement noirs. [SDM]

E++J+ 4.