La faim des 7 ours nains / Émile Bravo.

Après leur séjour chez le Petit Poucet, les sept ours nains rentrent dans leur belle forêt pour se construire une maison dans laquelle passer l'hiver. Faisant fi des conseils d'un cochon qui leur recommande vivement une construction en briques, les oursons "fauchés comme les blés" optent plutôt pour le bois et, las de ne boire que du lait, envoient l'un d'entre eux vendre leur seule possession au marché afin de varier leur régime. En chemin, l'ursidé mandaté pour cette mission accepte cependant d'échanger leur vache contre un haricot soi-disant magique. Alors voilà, la famine s'installe en même temps que l'hiver chez les sept héros à fourrure, qui reçoivent soudain la visite du chat aux bottes fourrées. Ce dernier leur propose de perdre le responsable de leur fâcheuse situation dans la forêt en échange d'un bol de lait et, après hésitation, les six frères acceptent. Le félin accomplit sa mission, mais se retrouve lui-même égaré dans les bois, l'ursidé affamé ayant dévoré les miettes de main qu'il avait semées derrière lui afin de retrouver son chemin au retour. Les deux âmes esseulées réussiront-elles à survivre à la férocité de l'hiver? [SQTD]

Une bande dessinée savoureusement délirante où l'on retrouve les ours nains aussi déjantés qu'attachants (même s'ils font ici preuve d'une gourmandise et d'une bêtise désespérantes) dans une intrigue rocambolesque au fil de laquelle l'auteur mélange, détourne et subvertit avec brio l'univers des sept nains et celui des trois petits cochons, et ce, tout en multipliant les clins d'oeil à celui du Petit Poucet, d'Hansel et Gretel, du Petit Chaperon rouge (ici transformée en fille du père Noël) et d'autres classiques. Les rebondissements se succèdent ainsi dans une ambiance décalée, ajoutant une touche de modernité et de dérision au suspense qui croit au fil des pages, alors que l'on se demande si l'ourson égaré retrouvera ses frères. L'humour jubilatoire de l'ensemble est efficacement renforcé par un graphisme dont le trait relativement simple n'a d'égal que l'expressivité. Esquissé et orné de traits à l'encre noire, et coloré dans une palette dominée par des camaïeux de bleu et de blanc que viennent égayer quelques touches de brun et de rouge, il campe en effet les protagonistes aux grands yeux ronds et aux mimiques savoureuses dans des saynètes bourrées de vie et de détails, campées dans un univers forestier enneigé. Le texte, pimenté d'onomatopées et de dialogues savoureux traduisant la folie des protagonistes, est rédigé en gros caractères au coeur des saynètes au découpage très cinématographique, qui sont disposées dans une mise en page aérée (une à quatre par page). Un album qui ravira petits et grands. [SQTD]

E 4

Variante du titre

Faim des sept ours nains